Comment être licencié le jour de son embauche grâce à Twitter ?

Etre licencié le jour de son embauche, c’est très simple sur Internet ! Il suffit de publier un contenu sans mesurer l’impact de ce contenu sur son identité ou sa réputation. Cela consiste à croire qu’Internet est si vaste que personne ne vous remarquera. Cela consiste à oublier qu’Internet est une place publique mondiale dans laquelle il n’y a plus d’inconnus.

Connor R., une étudiante de l’université de Californie à Berkeley, doit probablement être la première personne licenciée le jour de son embauche. Le célèbre blogueur Eric Dupin a fait un billet très complet sur ce cas que je vous invite à lire.

De quoi s’agit-il ?

Connor vient d’être embauchée par Cisco et annonce la nouvelle sur Twitter à ses “followers” (des vrais amis qu’elle connaît tous individuellement) :

“Cisco just offered me a job! Now I have to weigh the utility of a fatty paycheck against the daily commute to San Jose and hating the work.” (Cisco m’a proposé un emploi. Maintenant, je dois faire la balance entre un gros salaire et un travail que je déteste + un long trajet quotidien vers San José)

Elle croit que son message est privé mais elle se trompe. Grâce à Twitter Search (ou équivalent) et son système d’alertes, Tim Levad découvre rapidement le tweet de Connor et lui répond :

“Who is the hiring manager. I’m sure they would love to know that you will hate the work. We here at Cisco are versed in the web.” (Qui vous a recruté ? Je suis sûr qu’il appréciera de savoir que vous détestez cet emploi. Chez Cisco, nous sommes très présents sur le web.)

Connor a aussitôt réagi en supprimant le tweet, en bloquant l’accès à son compte mais Tim Levad a plus de 500 followers et l’information s’est dupliquée puis répandue mondialement en quelques heures.

Voilà à quoi ressemble le profil Twitter de Connor R. maintenant qu’elle a protégé l’accès de son compte : http://twitter.com/theconnor

Connor raconte sur son blog sa mésaventure. Il semble qu’elle ait ouvert son blog uniquement comme un droit de réponse pour expliquer ce qui s’est réellement passé. Je pense que c’est une très bonne réaction, une façon intelligente de rétablir la vérité, d’expliquer le contexte, de présenter des excuses, de lancer quelques pics pour dénoncer les abus dont elle est victime et de limiter les dégâts pour sa réputation. Il y a un seul billet à lire pour tout savoir avec déjà 164 commentaires.

Un site www.ciscofatty.com a malheureusement été créé par un tiers et va contribuer à immortaliser la première grosse “Twitter bourde” mondiale.

Internet est un formidable outil pour booster sa carrière ou pour la ruiner quand on manque de bon sens numérique… !

Nos vies sur Internet, à perpète

Nos vies sur Internet, à perpète est le titre d’un excellent article paru le 1er avril 2009 dans le journal Le Monde par Yves Eudes.

Voici un résumé des éléments qui m’ont marqué :

1. L’exemple de Fanny qui ouvre un blog à des fins professionnelles puis au fil du temps, le contenu de son blog devient de plus en plus personnel. Ayant laissé le lien vers son blog sur son CV, un employeur potentiel visite le blog et lit un passage dans lequel Fanny explique sur un ton ironique qu’elle se sent très flemmarde. Résultat : candidature rejetée parce que l’employeur a considéré que ce texte pouvait impacter négativement la réputation de son entreprise. En d’autres termes, un employeur ne peut pas accepter que la marque personnelle d’un salarié nuise à la marque de l’entreprise.

Fanny décide ce jour-là de se googler et découvre avec horreur un texte dans lequel elle affirme qu’elle montrera ses seins aux personnes qui feront une donation à l’oeuvre caritative pour laquelle elle a un jour travaillé.

Fanny a donc compris tardivement qu’elle avait maintenant une vie numérique qui pouvait impacter positivement ou négativement son identité et sa réputation.

2. 70 % des CV circulant en France sont bidonnés ou embellis. Il semble que les recruteurs soient de ce fait de plus en plus actifs sur Internet, je cite un recruteur : “Par recoupements, je peux constater qu’un candidat a publié sur Internet plusieurs CV contradictoires. Je peux aussi combler un trou dans un CV : j’ai découvert qu’un candidat avait enchaîné quatre périodes d’essai dans quatre boîtes différentes, dont aucune n’avait débouché sur une embauche, et qu’il n’en avait pas parlé dans son CV.”

3. La discrimination à l’embauche du fait de vos opinions politiques exprimées sur le Web est une réalité. J’avais cité le cas de Ronald dans mon livre. Cet article montre que Ronald n’est vraiment pas un cas isolé !

4. Quelques exemples en fin d’article montrent comment on peut très facilement recouper des informations sur une personne pour en savoir plus sur elle à l’insu de son plein gré.

Si vous avez un peu de temps, je vous conseille de lire l’article au complet, on ne s’ennuie pas et il sera bientôt accessible uniquement aux abonnés.

Lire l’article…

Un grand merci à Véronique Anger-de Friberg, journaliste et auteur, www.lesdialoguesstrategiques.com qui m’a signalé l’article.